ET VICE VERSA

Dans un article de son numéro de Mai-Juin 2015, Agir et Entreprendre (le magazine de la CCI de Lyon) relate l’expérience de Catherine Clauzade (MBA EMLYON 2012) qui a expérimenté les bienfaits du Toolkit de l’innovateur lors de la création de son entreprise ; Reevalu.

Pour simplifier la situation, Catherine Clauzade, scientifique de formation ayant consacré une partie de sa carrière au recyclage des matériaux a décidé de créer son entreprise et de mettre à cette occasion ses compétences au service de l’industrie. Comme on l’imagine sans peine on peut recycler tant de matériaux dans des circonstances et dans des industries si diverses que cela conduit à une combinatoire quasi infinie. En d’autre termes Catherine a tellement d’opportunités possibles à saisir qu’elle ne sait plus ou donner de la tête. C’est ce qu’on appelle le foisonnement, qui est à la fois rassurant car on peut se dire qu’on est face au marché du siècle, mais également désarçonnant car on ne sait pas par ou commencer.

Pour l’aider à résoudre ce dilemme du choix qui demande à lâcher pour pouvoir saisir, Catherine se tourne donc vers la CCI Lyon avec les conseillers de laquelle elle applique le toolkit de l’innovateur à son entreprise naissante. Quelques mois après le résultat relaté dans l’article est enthousiasmant.

Reevalu existe depuis 1 an et se réjouit d’un carnet de commandes plein jusqu’en fin d’année. La personnalité de sa dirigeante est pour beaucoup dans cette réussite. Le Toolkit de l’innovateur, aussi ! Explications.

Elevée dans le cocon douillet des grands groupes, Catherine Clauzade est passée du statut d’intrapreneuse à celui d’entrepreneuse en créant Reevalu, une société de conseil en stratégie et management des matériaux recyclés ou à recycler, il y a un an. Et dans ce passage passionnant mais un peu angoissant, le Toolkit de l’innovateur a joué son rôle de booster. Ce Toolkit a été mis au point par Paul Millier, professeur de marketing et de management de l’innovation à EMLYON, pour aider les entreprises à générer des flux réguliers de projets en considérant toutes les activités de l’entreprise comme des gisements d’innovation. “C’est un outil super concret, qui touche aux tripes et bouscule le créatif dans son foisonnement d’idées, résume Catherine Clauzade. Il oblige à faire des choix en fonction de critères financiers, de rentabilité et de pérennité. Une démarche forcément décapante pour un innovateur”. En compagnie d’un conseiller CCI, la jeune chef d’entreprise s’est ainsi beaucoup interrogée dans le cadre de son projet de création : “Entre ce que je voulais faire, ce que je pouvais faire et ce que je savais faire, le Toolkit m’a obligée à trier et m’a conduite à formaliser l’offre différenciée que je propose aujourd’hui”.

Il lui est utile également pour dynamiser l’activité de certains de ses clients à cours d’imagination et sera le compagnon d’un été studieux car consacré à établir le bilan d’une première année d’activité sur les chapeaux de roues : “Je vais réutiliser le Toolkit pour analyser les progrès accomplis et réorienter ce que sera demain l’ADN de Reevalu, ses projets, son avenir”. Bref, un outil « tout en un » aux multiples usages et débouchés.

La première réaction qu’on peut avoir en tant que créateur de la méthode est de la fierté devant un tel succès. Mais au deuxième degré cette aventure appelle un autre commentaire. Le toolkit de l’innovateur est en effet avant tout conçu comme une méthode pour générer un flux continu d’innovations créatrices de valeur pour aider une entreprise à se développer dans une ou des voies qu’elle aurait préalablement choisies. Mais dans le cas présent, la stratégie d’innovation ne pouvait pas s’aligner sur la stratégie de l’entreprise puisqu’il n’y avait pas d’autre stratégie qu’une expression du genre « j’ai envie de faire quelque chose dans le conseil  en recyclage des matériaux » ! En l’occurrence, ce qui s’est passé dans cette aventure exemplaire est qu’en réfléchissant à sa stratégie d’innovation, en la structurant, en la « durcissant », Catherine Clauzade est parvenue à échafauder la stratégie de démarrage de son entreprise.

En conclusion, dans la logique du raisonnement managérial, la stratégie d’innovation est normalement alignée sur la stratégie d’entreprise. Le cas de Reevalu nous prouve que l’inverse peut aussi être vrai et que la stratégie d’entreprise peut s’aligner sur la stratégie d’innovation lorsque celle-ci est plus solide et plus structurée que la stratégie de l’entreprise.

La stratégie d’entreprise détermine donc d’habitude la stratégie d’innovation mais VICE-VERSA (comme dirait Pixar), la stratégie d’innovation peut aussi déterminer la stratégie d’entreprise, et il n’y a pas de raison que cette influence mutuelle ne marche que dans les start-ups.

Paul Millier

PS : L’intégralité de l’article signé CCI de Lyon/NF2 est disponible sur l’e.mag Agir & Entreprendre : www.agiretentreprendre.fr

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1 Response to ET VICE VERSA

  1. Khachab says:

    article très interessant

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