Liberté Living-Lab est un nouveau concept qui se définit de manière oxymorique comme un incubateur qui ne serait pas un incubateur, un accélérateur qui ne serait pas un accélérateur, un espace de co-working ne serait pas un espace de co-working ! On comprend tout de suite à cette définition que Liberté Living-Lab n’est pas câblé comme tout le monde !! Heureusement les explications de Jerome Richez (un des fondateurs avec) nous éclairent sur la réalité du concept que nous allons essayer de découvrir.
Tout d’abord au niveau matériel le projet Liberté Living-Lab est hébergé dans des locaux de 2000 m² à Paris, 9 rue d’Alexandrie qui sont ouverts sept jours sur sept au public. L’inauguration a eu lieu en avril et l’ouverture complète sera effective à partir d’octobre 2016. Liberté Living-Lab comporte aujourd’hui deux fondateurs, Jérôme Richez et Marylène Vicari, et onze accompagnateurs internationaux salariés à temps plein parmi lesquels des seniors et des juniors.
Au niveau de sa vocation, le projet se définit comme un lieu pluridisciplinaire, multiculturel, intergénérationnel qui a pour objectif de créer un pole d’excellence en innovation. En ce sens Liberté n’est pas un lieu cool où des entrepreneurs créatifs jouent au baby-foot mais un lieu d’excellence. D’une manière générale le projet vise à accompagner la transformation de grands groupes, à accélérer des projets, à confronter le social et le business c’est-à-dire à devenir une sorte de « Social Valley ».
Le modèle économique de Liberté Living-Lab est assez composite. Il repose d’abord sur la vente de prestations visant à accompagner la transformation de grands groupes. Une autre source de revenu est la location d’espaces de co-working à des résidents. Ceux-ci partent quand ils veulent, ils payent un loyer qu’ils fixent eux-mêmes en concertation avec Liberté Living-Lab et s’engagent à fournir une contrepartie (intellectuelle, sociale, matérielle…) aux autres résidents ou à la communauté.
Les clients se répartissent aujourd’hui en six catégories. Les services publics, les start-ups, les médias, les grandes entreprises comme la Société Générale, EDF, VINCI et sera peut-être ouvert à une population d’adolescents. À l’avenir Liberté Living-Lab envisage un déploiement à l’international et un développement possible vers l’intégration d’une école en son sein.
Aujourd’hui Liberté Living-Lab a déjà réussi à réunir une quarantaine de résidents et en attend 200 dont 25 % d’internationaux lorsque le projet sera en rythme de croisière. Aujourd’hui les résidents sont des chercheurs et des étudiants aussi bien que des innovateurs expérimentés. On peut illustrer la variété des projets présents chez Liberté Living-Lab en citant:
Hello-Asso, qui est la première plateforme de financement participatif dédiée aux associations ; une sorte de une plate-forme de crowdfunding associatif.
Bayes impact une start-up O.N.G. qui pourrait moderniser Pole Emploi.
Une start-up qui pourrait contribuer à moderniser l’assurance-maladie.
CivicTech qui se propose de refluidifier la démocratie.
Fluicity Une plate-forme de co-construction de l’espace public qui permet à des politiques de partager les décisions avec la population à l’échelle locale.
Mais en définitive que cherche le projet Liberté Living-Lab comment fonctionne-t-il et vers quel objectif est-il orienté ?
Aujourd’hui, la démarche consiste à mettre ensemble d’excellents innovateurs venant d’horizons divers et susceptibles d’apporter quelque chose à la société en général. Pour cela, on chasse les excellents projets par les réseaux sociaux par le réseau de Liberté Living-Lab qui est constitué d’écoles de prestige comme emlyon, HEC, ou polytechnique. L’effet attendu de cette mise en contact mutuel est que chacun apporte aux autres résidents et qu’il sorte quelque chose d’inattendu de ce melting pot. En quelque sorte, on réunit tous ces résidents et ces expériences sur le même site et on voit ce qui se passe. On expérimente en vertu d’un postulat qui est que « people change people and change the world ». L’issue n’est pas prévisible car on ne sait pas ce qui va sortir mais on est sûr qu’il va sortir quelque chose. La condition à cela est qu’on manage bien le processus en respectant les valeurs et la ligne de conduite qu’on s’est fixée et qu’on peut résumer par : l’excellence des projets, la proximité, le partage, les synergies, l’apport de chaque projet à la transformation de la société. En quelque sorte le projet Liberté Living-Lab est en train de constituer un organisme dont l’ADN serait fait de la réunion des éléments qu’on met ensemble et qui avance dans une direction qui serait l’œuvre de tous et de personne en particulier. On voit vraiment un processus d’innovation en marche, fruit d’une « stratégie chemin faisant » au sens de Marie-Josée Avenier.
Article écrit par Paul Millier
Civictech n’est pas une start up 😉
Article intéressant merci. Un point d’incertitude demeure, le lieu n’est-il pas ouvert au public à l’instar de NUMA?
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Avec le temps qui passe, on a l’impression que la logique est de plus en plus tirée du côté de l’innovation, ce qui fait peut-être perdre d’autres aspects (pour reprendre la distinction faite dans « « Fab labs », « makerspaces » : entre innovation et émancipation ? », in Revue internationale de l’économie sociale : Recma, Numéro 334, octobre 2014. URI : http://id.erudit.org/iderudit/1027278ar ).
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